Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/47

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de ce qu’on reprochoit à M. Corneille, que son ouvrage péchoit contre les règles. Le reste de ces apostilles n’est pas considérable ; car ce ne sont que de petites notes, comme celle-ci, où le premier mot est de sa main : « Bon, mais se pourroit mieux a exprimer[1] ; » et cette autre : « Faut adoucir cet exemple[2]. » D’où on recueille pourtant qu’il examina cet écrit avec beaucoup de soin et d’attention. Son jugement fut enfin que la substance en étoit bonne, « mais qu’il falloit, » car il s’exprima en ces termes, « y jeter quelques poignées de fleurs. » Aussi n’étoit-ce que comme un premier crayon qu’on avoit voulu lui présenter, pour savoir en gros s’il en approuveroit les sentiments. L’ouvrage fut donc donné à polir, suivant son intention et par délibération de l’Académie, à MM. de Serizay, de Cerisy, de Gombauld et Sirmond[3]. M. de Cerisy, comme j’ai appris, le coucha par écrit, et M. de Gombauld fut nommé par les trois autres et confirmé par l’Académie pour la dernière révision du style. Tout fut lu et examine par l’Académie en diverses assemblées, ordinaires et extraordinaires, et donné enfin à l’imprimeur[4]. Le Cardinal étoit alors à Charonne, où on lui envoya les premières feuilles, mais elles ne le contentèrent nullement ; et soit qu’il en jugeât bien, soit qu’on le prît en mauvaise humeur, soit qu’il fût préoccupé contre M. de Cerisy, il trouva qu’on avoit passé d’une extrémité à l’autre, qu’on y avoit apporté trop d’ornements et de fleurs, et renvoya

    nécessaire pour sa satisfaction, on lit en marge cette note assez étrange, de l’écriture que nous attribuons à Citois : « Faut voir si la pièce le dit ; car si cela n’est point ou auroit tort de faire à croire à Rodrigue qu’il voulût tuer le Comte, puisqu’on fait souvent en telles occasions ce qu’on ne veut pas faire. »

  1. Note de l’écriture qui parait être celle de Citois ; le mot bon est tracé avec un peu plus de hardiesse que le reste ; toutefois il est impossible d’affirmer qu’il soit d’une autre main. À la page 37, apostille de la grosse écriture que nous attribuons à Richelieu : « Il ne faut point dire cela si absolument. »
  2. Ici la transcription est inexacte. Il y a dans le manuscrit (p. 58) : « Il faut adoucir cette expression. » Cette dernière apostille est, suivant nous, de la main de Richelieu.
  3. Registres, 17 juillet 1637. (Note de Pellisson.)
  4. Registres, dernier juillet 1637. (Note du même.)