Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jamais rien fait de bien que de vous être tu depuis quatre ans[1] ; que vous ne deviez pas rompre ce silence pour une si mauvaise chose ; que les sottises de votre lettre fâchent tous les honnêtes gens ; que cela vous rend bernable par tout pays ; que tout ce qu’elle contient est trop plat et trop peu fort pour donner la moindre atteinte au Cid, ni faire croire que M. Corneille en soit seulement le copiste, comme vous dites ; que je ne lui conseille pas de se donner la peine de vous répondre ; que vous êtes auprès de lui ce que le laquais est auprès du maître, et qu’un ami du Cid qui ne fit jamais profession d’écrire, et qui ne laisse pas de se connoître aux bonnes choses, n’a fait cette lettre que pour vous avertir de pratiquer un proverbe latin que vous vous ferez expliquer et qui dit : Ne sutor ultra crepidam. Adieu, Claveret : ne soyez pas curieux de savoir mon nom, de peur de l’apprendre.


II. lettre pour m. de corneille, contre
ces mots de la lettre sous le nom d’ariste :
Je fis donc résolution de guérir ces idolâtres[2].


Cachez-vous tant qu’il vous plaira, faites protestation de changer à tous moments de parti, on vous le pardonne ; vous passez pour homme qui reçoit aisément toutes sortes d’impressions. On dit que vous avez eu au commencement du Cid les sentiments d’un homme raisonnable, et que vous n’avez pu lui dénier les louanges qu’il tiroit sans violence de tous les honnêtes gens ; pourquoi maintenant déférer au jugement de

  1. Ceci est difficile à expliquer, car la Place Royale de Claveret a dû, comme celle de Corneille, être jouée en 1635.
  2. Mairet classe cette pièce avant la Reponse de *** (voyez ci-dessus, p. 40). Nous avons dû nous en rapporter à ce témoignage contemporain plutôt qu’au sentiment de Niceron, qui, comme on va le voir, intervertit cet ordre : « Corneille… continua ses turlupinades contre Claveret par une lettre qu’il intitula Reponse de *** à *** sous le nom d’Ariste, in-8o. Elle fut suivie d’une seconde qui parut sous ce titre : Lettre pour M. de Corneille contre ces mots de la lettre sous le nom d’Ariste… » (Niceron, Mémoires, tome XX, p. 91.)