Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/90

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peut douter avec raison de ce que vaut une chose qui a le bonheur de vous plaire : le jugement que vous en faites est la marque assurée de son prix ; et comme vous donnez toujours libéralement aux véritables beautés l’estime qu’elles méritent, les fausses n’ont jamais le pouvoir de vous éblouir. Mais votre générosité ne s’arrête pas à des louanges stériles pour les ouvrages qui vous agréent ; elle prend plaisir à s’étendre utilement sur ceux qui les produisent, et ne dédaigne point d’employer en leur faveur ce grand crédit que votre qualité et vos vertus vous ont acquis. J’en ai ressenti des effets qui me sont trop avantageux pour m’en taire, et je ne vous dois pas moins de remercîments pour moi que pour le Cid. C’est une reconnoissance qui m’est glorieuse, puisqu’il m’est impossible de publier que je vous ai de grandes obligations, sans publier en même temps que vous m’avez assez estimé pour vouloir que je vous en eusse. Aussi, Madame, si je souhaite quelque durée pour cet heureux effort de ma plume, ce n’est point pour apprendre mon nom à la postérité, mais seulement pour laisser des marques éternelles de ce que je vous dois, et faire lire à ceux qui naîtront dans les autres siècles la protestation que je fais d’être toute ma vie,

madame,
Votre très-humble, très-obéissant et très-
obligé serviteur,
Corneille.