Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/107

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CLÉOPATRE.

Comme de la justice, il a de la bonté.

CORNÉLIE.

Oui ; mais il fait juger, à voir comme il commence,
Que sa justice agit, et non pas sa clémence.

CLÉOPATRE.

Souvent de la justice il passe à la douceur.

CORNÉLIE.

1600Reine, je parle en veuve, et vous parlez en sœur.
Chacune a son sujet d’aigreur ou de tendresse,
Qui dans le sort du Roi justement l’intéresse.
Apprenons par le sang qu’on aura répandu
À quels souhaits le ciel a le mieux répondu[1].
1605Voici votre Achorée.


Scène III.

CORNÉLIE, CLÉOPATRE, ACHORÉE,
PHILIPPE, CHARMION.
CLÉOPATRE.

Voici votre Achorée.Hélas ! sur son visage
Rien ne s’offre à mes yeux que de mauvais présage.
Ne nous déguisez rien, parlez sans me flatter :
Qu’ai-je à craindre, Achorée, ou qu’ai-je à regretter ?

ACHORÉE.

Aussitôt que César eut su la perfidie…

CLÉOPATRE.

1610Ce ne sont pas ses soins que je veux qu’on me die[2].
Je sais qu’il fit trancher et clore ce conduit
Par où ce grand secours devoit être introduit[3] ;

  1. Var. À quels souhaits le ciel aura mieux répondu. (1644-56)
  2. Var. Ah ! ce n’est pas ses soins que je veux qu’on me die. (1644-63)
  3. Voyez ci-dessus, vers 1146 et suivants.