Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/115

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Je n’ouvre point les yeux sur ma grandeur si proche,
Qu’aussitôt à mon cœur mon sang ne le reproche ;
1795J’en ressens dans mon âme un murmure secret,
Et ne puis remonter au trône sans regret[1].

ACHORÉE.

Un grand peuple, Seigneur, dont cette cour est pleine,
Par des cris redoublés demande à voir sa reine,
Et tout impatient déjà se plaint aux cieux
1800Qu’on lui donne trop tard un bien si précieux.

CÉSAR.

Ne lui refusons plus le bonheur qu’il desire :
Princesse, allons par là commencer votre empire.
Fasse le juste ciel, propice à mes desirs,
Que ces longs cris de joie étouffent vos soupirs,
1805Et puissent ne laisser dedans votre pensée
Que l’image des traits dont mon âme est blessée !
Cependant, qu’à l’envi ma suite et votre cour
Préparent pour demain la pompe d’un beau jour,
Où dans un digne emploi l’une et l’autre occupée
1810Couronne Cléopatre et m’apaise Pompée,
élève à l’une un trône, à l’autre des autels,
Et jure à tous les deux des respects immortels.

FIN DU CINQUIÈME ET DERNIER ACTE.
  1. Var. Et n’ose remonter au trône sans regret. (1644-56)