Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/29

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meuré bien loin derrière, tu en jugeras. Cependant j’ai cru ne te déplaire pas de te donner ici trois passages qui ne viennent pas mal à mon sujet. Le premier est un épitaphe[1] de Pompée, prononcé par Caton dans Lucain. Les deux autres sont deux peintures de Pompée et de César, tirées de Velleius Paterculus. Je les laisse en latin, de peur que ma traduction n’ôte trop de leur grâce et de leur force ; les dames se les feront expliquer[2].


EPITAPHIUM POMPEII MAGNI[3].
Cato, apud Lucanum, lib. IX (vers. 190-214)[4].

Civis obit, inquit, mullo majoribus impar
Nosse modum juris, sed in hoc tamen utilis ævo,
Cui non ulla fuit justi reverentia : salva
Libertate polens, et solus plebe parata
Privatus servire sibi, rectorque senatus,

  1. Ce mot était masculin à cette époque. Voyez le Lexique.
  2. On aimait assez alors à laisser ainsi certains passages latins sans les traduire, afin de donner aux beaux esprits une occasion facile de briller auprès des dames. Voyez tome III, p. 45 et 46, ce que Balzac écrit à Scudéry dans une circonstance analogue.
  3. Cet extrait latin et les deux suivants ne sont que dans les éditions de 1644-1652 et dans celle de 1655.
  4. « Enfin les cieux, dit-il, nous ravissent un homme
    Sur qui rouloit encor l’espérance de Rome,
    Et qui bien qu’en vertu cédant à nos aïeux,
    Fut pourtant l’ornement de ce siècle odieux.
    En ce temps où l’orgueil s’est rendu légitime,
    Où la loi de l’honneur cède à celle du crime,
    Il n’a point jusqu’au trône élevé ses projets :
    Il vouloit des amis, et non pas des sujets.
    Sous lui la liberté n’a point été blessée ;
    Ses grandeurs n’ont jamais révolté sa pensée.
    Bien que Rome fût prête à porter ses liens,
    Il n’a dans ses Romains vu que ses citoyens.