Il n’est à son avis que d’être mariée ;
Et comme en un naufrage on se prend où l’on peut,
En fille obéissante elle veut ce qu’on veut.
Voilà donc le bonhomme enfin à sa seconde,
C’est-à-dire qu’il prend la poste à l’autre monde ;
Un peu moins de deux mois le met dans le cercueil.
J’ai su sa mort à Rome, où j’en ai pris le deuil.
Elle a laissé chez vous un diable de ménage :
Ville prise d’assaut n’est pas mieux au pillage ;
La veuve et les cousins, chacun y fait pour soi,
Comme fait un traitant pour les deniers du Roi[1] :
Où qu’ils jettent la main ils font rafles entières ;
Ils ne pardonnent pas même au plomb des gouttières ;
Et ce sera beaucoup si vous trouvez chez vous,
Quand vous y rentrerez, deux gonds et quatre clous.
J’apprends qu’on vous a vu cependant à Florence.
Pour vous donner avis je pars en diligence ;
Et je suis étonné qu’en entrant dans Lyon
Je vois courir du peuple avec émotion.
Je veux voir ce que c’est ; et je vois, ce me semble,
Pousser dans la prison quelqu’un qui vous ressemble,
On m’y permet l’entrée ; et vous trouvant ici[2],
Je trouve en même temps mon voyage accourci.
Voilà mon aventure, apprenez-moi la vôtre.
La mienne est bien étrange, on me prend pour un autre.
J’eusse osé le gager. Est-ce meurtre ou larcin ?