Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/309

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Et votre âme en ce lieu, réduite au repentir,
Fait mentir le proverbe en cessant de mentir.
Ah ! j’aurois plutôt cru…

DORANTE.

Ah ! j’aurois plutôt cru…Le temps m’a fait connoître
Quelle indignité c’est, et quel mal en peut naître.

CLITON.

145Quoi ! ce duel, ces coups si justement portés,
Ce cheval, ces sergents…

DORANTE.

Ce cheval, ces sergents…Autant de vérités.

CLITON.

J’en suis fâché pour vous, Monsieur, et surtout d’une,
Que je ne compte pas à petite infortune :
Vous êtes prisonnier, et n’avez point d’argent ;
Vous serez criminel.

DORANTE.

150Vous serez criminel.Je suis trop innocent.

CLITON.

Ah ! Monsieur, sans argent est-il de l’innocence ?

DORANTE.

Fort peu ; mais dans ces murs Philiste a pris naissance,
Et comme il est parent des premiers magistrats,
Soit d’argent, soit d’amis, nous n’en manquerons pas.
155J’ai su qu’il est en ville, et lui venois d’écrire
Lorsqu’ici le concierge est venu t’introduire.
Va lui porter ma lettre.

CLITON.

Va lui porter ma lettre.Avec un tel secours
Vous serez innocent avant qu’il soit deux jours[1].
Mais je ne comprends rien à ces nouveaux mystères :

  1. Var. Vous serez innocent avant qu’il soit huit jours. (1645-60)