Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LYSE.

585À vous dire le vrai, vous en savez beaucoup.

MÉLISSE.

L’amour est un grand maître : il instruit tout d’un coup.

LYSE.

Il vient de vous donner de belles tablatures[1].

MÉLISSE.

Viens querir mon portrait avec des confitures :
Comme pourra Dorante en user bien ou mal,
590Nous résoudrons après touchant l’original.


Scène IV.

PHILISTE, DORANTE, CLITON, dans la prison[2].
DORANTE.

Voilà, mon cher ami, la véritable histoire
D’une aventure étrange et difficile à croire ;
Mais puisque je vous vois, mon sort est assez doux[3].

PHILISTE.

L’aventure est étrange, et bien digne de vous ;
595Et si je n’en voyois la fin trop véritable,
J’aurois bien de la peine à la trouver croyable :
Vous me seriez suspect, si vous étiez ailleurs.

CLITON.

Ayez pour lui, Monsieur, des sentiments meilleurs :
Il s’est bien converti dans un si long voyage ;
600C’est tout un autre esprit sous le même visage ;
Et tout ce qu’il débite est pure vérité,
S’il ne ment quelquefois par générosité.
C’est le même qui prit Clarice pour Lucrèce,

  1. Tablatures, instructions, leçons. Voyez le Lexique.
  2. Var. Cette scène est dans la prison. (1663, en marge.)
  3. Var. Mais puisque je vous vois, mon sort m’est assez doux. (1645-56)