Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/340

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DORANTE.

Non pas encore sitôt.Mais te vaut-elle bien ?
Parle-moi franchement, et ne déguise rien.

LYSE.

715À ce compte, Monsieur, vous me trouvez passable ?

DORANTE.

Je te trouve de taille et d’esprit agréable,
Tant de grâce en l’humeur, et tant d’attrait aux yeux,
Qu’à te dire le vrai, je ne voudrois pas mieux :
Elle me charmera, pourvu qu’elle te vaille.

LYSE.

720Ma maîtresse n’est pas tout à fait de ma taille,
Mais elle me surpasse en esprit, en beauté,
Autant et plus encore, Monsieur, qu’en qualité.

DORANTE.

Tu sais adroitement couler ta flatterie.
Que ce bout de ruban a de galanterie !
725Je le veux dérober. Mais qu’est-ce qui le suit[1] ?

LYSE.

Rendez-le-moi, Monsieur ; j’ai hâte, il s’en va nuit.

DORANTE.

Je verrai ce que c’est.

LYSE.

Je verrai ce que c’est.C’est une mignature[2].

DORANTE.

Oh ! le charmant portrait ! L’adorable peinture !
Elle est faite à plaisir.

LYSE.

Elle est faite à plaisir.Après le naturel.

DORANTE.

730Je ne crois pas jamais avoir rien vu de tel.

  1. Var. Je veux le dérober. Mais qu’est-ce qui le suit ? (1645-68)
  2. Telle est l’orthographe de toutes les éditions, sans excepter celle de 1692.