Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/348

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Je n’attends point le temps de votre délivrance,
De peur qu’encore un coup Philiste me devance ;
Comme il m’ôte aujourd’hui l’espoir de vous servir,
850Vous loger est un bien que je lui veux ravir.

DORANTE.

C’est un excès d’honneur que vous me voulez rendre ;
Et je croirois faillir de m’en vouloir défendre.

CLÉANDRE.

Je vous en reprierai quand vous pourrez sortir ;
Et lors nous tâcherons à vous bien divertir,
855Et vous faire oublier l’ennui que je vous cause.
Auriez-vous cependant besoin de quelque chose ?
Vous êtes voyageur, et pris par des sergents ;
Et quoique ces messieurs soient fort honnêtes gens,
Il en est quelques-uns…

CLITON.

Il en est quelques-uns…Les siens en sont du nombre :
860Ils ont en le prenant pillé jusqu’à son ombre ;
Et n’étoit que le ciel a su le soulager,
Vous le verriez encore fort net et fort léger ;
Mais comme je pleurois ses tristes aventures,
Nous avons reçu lettre, argent et confitures.

CLÉANDRE.

Et de qui ?

DORANTE.

865Et de qui ?Pour le dire, il faudroit deviner.
Jugez ce qu’en ma place on peut s’imaginer.
Une dame m’écrit, me flatte, me régale,
Me promet une amour qui n’eut jamais d’égale,
Me fait force présents…

CLÉANDRE.

Me fait force présents…Et vous visite ?

DORANTE.

Me fait force présents…Et vous visite ?Non.