Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/378

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PHILISTE.

Est-ce vous ?Oui, madame.

MÉLISSE.

Est-ce vous ?Oui, madame.Ah ! que j’en suis ravie[1] !
1430Que mon sort cette nuit devient digne d’envie !
Certes, je n’osois plus espérer ce bonheur.

PHILISTE.

Manquerois-je à venir où j’ai laissé mon cœur ?

MÉLISSE.

Qu’ainsi je sois aimée, et que de vous j’obtienne
Une amour si parfaite et pareille à la mienne !

PHILISTE.

1435Ah ! s’il en est besoin, j’en jure, et par vos yeux.

MÉLISSE.

Vous revoir en ce lieu m’en persuade mieux[2] ;
Et sans autre serment, cette seule visite
M’assure d’un bonheur qui passe mon mérite.

CLITON.

À l’aide !

MÉLISSE.

À l’aide !J’oy du bruit.

CLITON.

À l’aide !J’oy du bruit.À la force ! au secours !

PHILISTE.

1440C’est quelqu’un qu’on maltraite : excusez si j’y cours ;
Madame, je reviens.

CLITON, s’éloignant toujours derrière le théâtre.

Madame, je reviens.On m’égorge, on me tue.
Au meurtre !

PHILISTE.

Au meurtre !Il est déjà dans la prochaine rue.

  1. Var.Est-ce vous ?Oui, madame.Ah ! que je suis ravie ! (1645)
  2. Var. Vous revoir en ce lieu me persuade mieux. (1645-56)