Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/392

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Puisse en ses belles mains ma douleur immortelle
Laisser toute mon âme en prenant congé d’elle !


Scène III.

DORANTE, MÉLISSE, LYSE, CLITON[1].
MÉLISSE.

Au bruit de vos soupirs, tremblante et sans couleur,
Je viens savoir de vous mon crime ou mon malheur ;
1665Si j’en suis le sujet, si j’en suis le remède,
Si je puis le guérir, ou s’il faut que j’y cède[2] ;
Si je dois ou vous plaindre ou me justifier,
Et de quels ennemis il faut me défier[3].

DORANTE.

De mon mauvais destin, qui seul me persécute.

MÉLISSE.

1670À ses injustes lois que faut-il que j’impute[4] ?

DORANTE.

Le coup le plus mortel dont il m’eût pu frapper.

MÉLISSE.

Est-ce un mal que mes yeux ne puissent dissiper ?

DORANTE.

Votre amour le fait naître, et vos yeux le redoublent.

MÉLISSE.

Si je ne puis calmer les soucis qui vous troublent,
1675Mon amour avec vous saura les partager[5].

DORANTE.

Ah ! vous les aigrissez, les voulant soulager

  1. Var. DORANTE, MÉLISSE, CLITON, LYSE. (1645-52)
  2. Var. Si je le puis guérir, ou s’il faut que j’y cède (1645-56)
  3. Var. Et de quel ennemi je me dois défier. (1645-56)
    Var. Et de quel ennemi je dois me défier. (1660)
  4. Var. À son injuste loi que faut-il que j’impute ? (1645-56)
  5. Var. Du moins avecque vous je puis les partager. (1645-56)