Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/413

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NOTICE.


En 1644, Gabriel Gilbert, secrétaire de la duchesse de Rohan, qui déjà s’était fait connaître comme poëte dramatique par deux tragi-comédies, Marguerite de France et Philoclée et Téléphonte[1], en fit représenter une troisième, Rodogune, qui n’obtint qu’un fort médiocre succès.

Quelques mois après[2], dans le courant de la même année,

  1. Les frères Parfait placent Marguerite en 1640 et Philoclée en 1642 ; cette dernière pièce, qui contient, dit-on, quelques vers de Richelieu, a inspiré à la Chapelle un Téléphonte, à la Grange-Chancel un Amasis, et à Voltaire sa Mérope. Plus habile à choisir ses sujets qu’à les bien traiter, Gabriel Gilbert fit représenter en 1646 Hippolyte ou le Garçon insensible, et eut l’honneur de fournir à Racine l’hémistiche célèbre :
    C’est toi qui l’as nommé,
    heureusement traduit d’Euripide.

    Auteur de beaucoup d’autres ouvrages, nommé secrétaire des commandements de la reine Christine, et devenu son résident en France en 1657, c’est-à-dire après son abdication, il ne trouva la fortune ni dans ses occupations littéraires, ni dans ses fonctions officielles, et mourut, suivant toute apparence, vers 1675, recueilli par la famille d’Hervart, si bienveillante pour les gens de lettres pauvres, si célèbre par les soins délicats dont elle sut plus tard entourer la Fontaine.

  2. Mouhy, dans le Journal du Théâtre françois manuscrit que nous avons déjà cité plus d’une fois, mais auquel nous n’ajoutons qu’une confiance fort limitée, dit que les deux ouvrages furent représentés par « la troupe royale, » et que la pièce de Corneille fut jouée « deux mois » après celle de Gilbert (tome II, fol. 864 verso et 869 recto). Au reste, bien qu’ils diffèrent sur quelques points de détail, tous les