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RODOGUNE.
TRAGÉDIE.

ACTE I.


Scène première.

LAONICE, TIMAGÈNE.
LAONICE.

Enfin ce jour pompeux, cet heureux jour nous luit,
Qui d’un trouble si long doit dissiper la nuit,
Ce grand jour où l’hymen, étouffant la vengeance,
Entre le Parthe et nous remet l’intelligence[1],
5Affranchit sa princesse, et nous fait pour jamais
Du motif de la guerre un lien de la paix ;
Ce grand jour est venu, mon frère, où notre reine,
Cessant de plus tenir la couronne incertaine,
Doit rompre aux yeux de tous son silence obstiné,
10De deux princes gémeaux nous déclarer l’aîné,
Et l’avantage seul d’un moment de naissance,
Dont elle a jusqu’ici caché la connoissance,
Mettant au plus heureux le sceptre dans la main,
Va faire l’un sujet, et l’autre souverain.
15Mais n’admirez-vous point que cette même reine

  1. Var. Des Parthes avec nous remet l’intelligence.
    Affranchit leur princesse, et nous fait pour jamais. (1647-56)