Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/485

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1025Réglez-vous là-dessus ; et sans plus me presser[1],
Voyez auquel des deux vous voulez renoncer.
Il faut prendre parti, mon choix suivra le vôtre :
Je respecte autant l’un que je déteste l’autre ;
Mais ce que j’aime en vous du sang de ce grand roi,
1030S’il n’est digne de lui, n’est pas digne de moi.
Ce sang que vous portez, ce trône qu’il vous laisse,
Valent bien que pour lui votre cœur s’intéresse :
Votre gloire le veut, l’amour vous le prescrit.
Qui peut contre elle et lui soulever votre esprit ?
1035Si vous leur préférez une mère cruelle,
Soyez cruels, ingrats, parricides comme elle.
Vous devez la punir si vous la condamnez ;
Vous devez l’imiter, si vous la soutenez.
Quoi ? cette ardeur s’éteint ! l’un et l’autre soupire !
1040J’avois su le prévoir, j’avois su le prédire…

ANTIOCHUS.

Princesse…

RODOGUNE.

Princesse…Il n’est plus temps, le mot en est lâché.
Quand j’ai voulu me taire, en vain je l’ai tâché.
Appelez ce devoir haine, rigueur, colère :
Pour gagner Rodogune il faut venger un père :
1045Je me donne à ce prix : osez me mériter,
Et voyez qui de vous daignera m’accepter.
Adieu, princes.


Scène V.

ANTIOCHUS, SÉLEUCUS.
ANTIOCHUS.

Adieu, princes.Hélas ! c’est donc ainsi qu’on traite
Les plus profonds respects d’une amour si parfaite !

  1. Var. Vous êtes l’un et l’autre ; et sans plus me presser. (1647-56)