Plaignons-les, et par eux jugeons ce que nous sommes.
Ce prince d’un sénat maître de l’univers,
Dont le bonheur sembloit au-dessus du revers[1],
Lui que sa Rome a vu plus craint que le tonnerre,
Triompher en trois fois des trois parts de la terre,
Et qui voyoit encore en ces derniers hasards
L’un et l’autre consul suivre ses étendards ;
Sitôt que d’un malheur sa fortune est suivie,
Les monstres de l’Égypte ordonnent de sa vie.
On voit un Achillas, un Septime, un Photin,
Arbitres souverains d’un si noble destin ;
Un roi qui de ses mains a reçu la couronne
À ces pestes de cour lâchement l’abandonne.
Ainsi finit Pompée ; et peut-être qu’un jour
César éprouvera même sort à son tour.
Rendez l’augure faux, Dieux qui voyez mes larmes,
Et secondez partout et mes vœux et ses armes !
Madame, le Roi vient, qui pourra vous ouïr.
Scène III.
Savez-vous le bonheur dont nous allons jouir,
Ma sœur ?
Sous les lois de Photin je ne suis plus captive.
Vous haïssez toujours ce fidèle sujet ?
- ↑ Var. De qui l’heur sembloit être au-dessus du revers. (1644-68)