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ACTE IV.


Scène première.

PTOLOMÉE, ACHILLAS, PHOTIN.
PTOLOMÉE.

Quoi ? de la même main et de la même épée
Dont il vient d’immoler le malheureux Pompée,
1075Septime, par César indignement chassé,
Dans un tel désespoir à vos yeux a passé ?

ACHILLAS.

Oui, Seigneur ; et sa mort a de quoi vous apprendre[1]
La honte qu’il prévient et qu’il vous faut attendre.
Jugez quel est César à ce courroux si lent[2].
1080Un moment pousse et rompt un transport violent ;
Mais l’indignation qu’on prend avec étude
Augmente avec le temps, et porte un coup plus rude ;
Ainsi n’espérez pas de le voir modéré :
Par adresse il se fâche après s’être assuré.
1085Sa puissance établie, il a soin de sa gloire.
Il poursuivoit Pompée, et chérit sa mémoire ;
Et veut tirer à soi, par un courroux accort,
L’honneur de sa vengeance et le fruit de sa mort.

PTOLOMÉE.

Ah ! si je t’avois cru, je n’aurois pas de maître :
1090Je serois dans le trône où le ciel m’a fait naître ;

  1. Var. Il est mort, et mourant, Sire, il vous doit apprendre. (1644-63)
  2. Var. Jugez César vous-même à ce courroux si lent. (1644-56).