Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/155

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À Mgr Séguier, Chancelier de France

MONSEIGNEUR,

Je sais que cette tragédie n’est pas d’un genre assez relevé pour espérer légitimement que vous y daigniez jeter les yeux et que, pour offrir quelque chose à Votre Grandeur qui n’en fût pas entièrement indigne, j’aurais eu besoin d’une parfaite peinture de toute la vertu d’un Caton ou d’un Sénèque ; mais comme je tâchais d’amasser des forces pour ce grand dessein, les nouvelles faveurs que j’ai reçues de vous m’ont donné une juste impatience de les publier, et les applaudissements qui ont suivi les représentations de ce poème m’ont fait présumer que sa bonne fortune pourrait suppléer à son peu de mérite. La curiosité que son récit a laissé dans les esprits pour sa lecture m’a flatté aisément, jusques à me persuader que je ne pouvais prendre une plus heureuse occasion de leur faire savoir combien je vous suis redevable, et j’ai précipité ma reconnaissance quand j’ai considéré qu’autant que je la différerais pour m’en acquitter plus dignement, autant je demeure