Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/162

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Je m’en suis bien trouvé jusqu’à présent mais je ne tiens pas impossible qu’on réussisse mieux en suivant les contraires.


Examen


Cette tragédie a encore plus d’effort d’invention que celle de Rodogune et je puis dire que c’est un heureux original dont il s’est fait beaucoup de belles copies sitôt qu’il a paru : Sa conduite diffère de celle-là, en ce que les narrations qui lui donnent jour sont pratiquées par occasion en divers lieux avec adresse, et toujours dites et écoutées avec intérêt, sans qu’il y en ait pas une de sang-froid, comme celle de Laonice. Elles sont éparses ici dans tout le poème, et ne font connaître à la fois que ce qu’il est besoin qu’on sache pour l’intelligence de la scène qui suit. Ainsi, dès la première, Phocas, alarmé du bruit qui court qu’Héraclius est vivant, récite les particularités de sa mort pour montrer la fausseté de ce bruit, et Crispe, son gendre, en lui proposant un remède aux troubles qu’il appréhende, fait connaître comme, en perdant toute la famille de Maurice, il a réservé Pulchérie pour la faire épouser à son fils Martian, et le pousse d’autant plus à presser ce mariage, que ce prince court chaque jour de grands périls à la guerre, et que sans Léonce il fût demeuré au dernier combat. C’est par là qu’il instruit les auditeurs de l’obligation qu’a