Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/164

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est vrai que cette narration est si courte qu’elle laisserait beaucoup d’obscurité si Héraclius ne l’expliquait plus au long, au quatrième acte, quand il est besoin que cette vérité fasse son plein effet, mais elle n’en pouvait pas dire davantage à une personne qui savait cette histoire mieux qu’elle, et ce peu qu’elle en dit suffit à jeter une lumière parfaite de ces échanges, qu’il n’est pas besoin alors d’éclaircir plus entièrement.

L’artifice de la dernière scène de ce quatrième acte passe encore celui-ci : Exupère y fait connaître tout son dessein à Léontine, mais d’une façon qui n’empêche point cette femme avisée de le soupçonner de fourberie et de n’avoir autre dessein que de tirer d’elle le secret d’Héraclius pour le perdre. L’auditeur lui-même en demeure dans la défiance, et ne sait qu’en juger, mais, après que la conspiration a eu son effet par la mort de Phocas, cette confidence anticipée exempte Exupère de se purger de tous les justes soupçons qu’on avait eus de lui, et délivre l’auditeur d’un récit qui lui aurait été fort ennuyeux après le denouement de la pièce, où toute la patience que peut avoir sa curiosité se borne à savoir qui est le vrai Héraclius des deux qui prétendent l’être.

Le stratagème d’Exupère, avec toute son industrie, a quelque chose un peu délicat, et d’une nature à ne se faire qu’au théâtre, où l’auteur est maître des événements qu’il tient dans sa main, et non pas dans la vie civile, où les hommes en disposent selon leurs intérêts et leur pouvoir. Quand il découvre Héraclius à Phocas et le fait arrêter