Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Phocas et Héraclius ; j’ai falsifié la naissance de ce dernier pour lui en donner une plus illustre, en le faisant fils de Maurice bien qu’il ne le fût que d’un prêteur d’Afrique, qui portait même nom que lui. J’ai prolongé de douze ans la durée de l’empire de Phocas et lui ai donné Martian pour fils, quoique l’histoire ne parle que d’une fille, nommée Domitia, qu’il maria à Crispe, dont je fais un de mes personnages. Ce fils et Héraclius, qui sont confondus l’un avec l’autre par les échanges de Léontine, n’auraient pas été en état d’agir si je ne l’eusse fait régner que les huit ans qu’il régna, puisque, pour faire ces échanges, il fallait qu’ils fussent tous deux au berceau quand il commença de régner. C’est par cette même raison que j’ai prolongé la vie de l’impératrice Constantine, que je n’ai fait mourir qu’en la quinzième année de sa tyrannie, bien qu’il l’eût immolée à sa sûreté dès la cinquième, et je l’ai fait afin qu’elle pût avoir une fille capable de recevoir ses instructions en mourant, et d’un âge proportionné à celui du prince qu’on lui voulait faire épouser.

La supposition que fait Léontine d’un de ses fils pour mourir au lieu d’Héraclius n’est point vraisemblable, mais elle est historique, et n’a point besoin de vraisemblance, puisqu’elle a l’appui de la vérité qui la rend croyable, quelque répugnance qu’y veuillent apporter les difficiles. Baronius attribue