Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/182

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Etant ce que je suis, je me dois quelque effort
Pour vous dire, Seigneur, que c’est vous faire tort,
Et que c’est trop montrer d’injuste défiance
De ne pouvoir régner que par son alliance
Sans prendre un nouveau droit du nom de son époux,
Ma naissance suffit pour régner après vous :
J’ai du cœur, et tiendrais l’empire même infâme
S’il fallait le tenir de la main d’une femme.

Phocas

Eh bien ! Elle mourra, tu n’en as pas besoin.

Héraclius

De vous-même, Seigneur, daignez mieux prendre soin.
Le peuple aime Maurice : en perdre ce qui reste
Nous rendrait ce tumulte au dernier point funeste ;
Au nom d’Héraclius à demi soulevé,
Vous verriez par sa mort le désordre achevé.
Il vaut mieux la priver du rang qu’elle rejette,
Faire régner une autre, et la laisser sujette,
Et d’un parti plus bas punissant son orgueil…

Phocas

Quand Maurice peut tout du creux de son cercueil,
À ce fils supposé, dont il me faut défendre,
Tu parles d’ajouter un véritable gendre !

Héraclius

Seigneur, j’ai des amis chez qui cette moitié…

Phocas

À l’épreuve d’un sceptre il n’est point d’amitié,
Point qui ne s’éblouisse à l’éclat de sa pompe,
Point qu’après son hymen sa haine ne corrompe.
Elle mourra, te dis-je.

Pulchérie, à Héraclius.

Ah ! ne m’empêchez pas