Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/187

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Léontine

Voilà ce que j’ai craint de son âme enflammée.

Eudoxe

S’il m’eût caché son sort, il m’aurait mal aimée.

Léontine

Avec trop d’imprudence il vous l’a révélé.
Vous êtes fille, Eudoxe, et vous avez parlé ;
Vous n’avez pu savoir cette grande nouvelle
Sans la dire à l’oreille à quelque âme infidèle,
À quelque esprit léger, ou de votre heur jaloux,
À qui ce grand secret a pesé comme à vous.
C’est par là qu’il est su, c’est par là qu’on publie
Ce prodige étonnant d’Héraclius en vie ;
C’est par là qu’un tyran, plus instruit que troublé
De l’ennemi secret qui l’aurait accablé,
Ajoutera bientôt sa mort à tant de crimes,
Et se sacrifiera pour nouvelles victimes
Ce prince dans son sein pour son fils élevé,
Vous qu’adore son âme, et moi qui l’ai sauvé.
Voyez combien de maux pour n’avoir su vous taire !

Eudoxe

Madame, mon respect souffre tout d’une mère,
Qui, pour peu qu’elle veuille écouter la raison,