Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/196

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Voyez si c’est sa main, ou s’il est contrefait,
Dites s’il me détrompe, ou m’abuse en effet,
Si je suis votre fils, ou s’il était mon père ;
Vous en devez connaître encor le caractère.

Léontine, lit le billet.

Billet de Maurice
« Léontine a trompé Phocas,
Et, livrant pour mon fils un des siens au trépas,
Dérobe à sa fureur l’héritier de l’empire.
Ô vous qui me restez de fidèles sujets,
Honorez son grand zèle, appuyez ses projets !
Sous le nom de Léonce Héraclius respire. »
« MAURICE. »

Elle rend le billet à Exupère, qui le lui a donné, et continue.

Seigneur, il vous dit vrai : vous étiez en mes mains
Quand on ouvrit Byzance au pire des humains.
Maurice m’honora de cette confiance ;
Mon zèle y répondit par delà sa croyance.
Le voyant prisonnier, et ses quatre autres fils,
Je cachai quelques jours ce qu’il m’avait commis,
Mais enfin, toute prête à me voir découverte,
Ce zèle sur mon sang détourna votre perte :
J’allai, pour vous sauver, vous offrir à Phocas,
Mais j’offris votre nom, et ne vous donnai pas ;
La généreuse ardeur de sujette fidèle
Me rendit pour mon prince à moi-même cruelle ;
Mon fils fut, pour mourir, le fils de l’empereur.
J’éblouis le tyran, je trompai sa fureur :
Léonce, au lieu de vous, lui servit de victime.

Elle fait un soupir.

Ah ! Pardonnez, de grâce : il m’échappe sans crime.