Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/201

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moins fait si le cœur n’eût aimé.
Achevez donc, Seigneur ; et puisque Pulchérie
Doit craindre l’attentat d’une aveugle furie…

Martian

Peut-être il vaudrait mieux moi-même la porter
À ce que le tyran témoigne en souhaiter.
Son amour, qui pour moi résiste à sa colère,
N’y résistera plus quand je serai son frère.
Pourrais-je lui trouver un plus illustre époux ?

Leontine

Seigneur, qu’allez-vous faire ? Et que me dites-vous ?

Martian

Que peut-être, pour rompre un si digne hyménée,
J’expose à tort sa tête avec ma destinée,
Et fais d’Héraclius un chef de conjurés
Dont je vois les complots encor mal assurés.
Aucun d’eux du tyran n’approche la personne,
Et quand même l’issue en pourrait être bonne,
Peut-être il m’est honteux de reprendre l’Etat
Par l’infâme succès d’un lâche assassinat ;
Peut-être il vaudrait mieux, en tête d’une armée,
Faire parler pour moi toute ma renommée,
Et trouver à l’empire un chemin glorieux
Pour venger mes parents d’un bras victorieux.
C’est dont je vais résoudre avec cette princesse,
Pour qui non plus l’amour, mais le sang m’intéresse.
Vous, avec votre Eudoxe…

Léontine

Ah ! Seigneur, écoutez.

Martian

J’ai besoin de conseils dans ces difficultés.