Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/202

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Mais, à parler sans fard, pour écouter les vôtres,
Outre mes intérêts, vous en avez trop d’autres.
Je ne soupçonne point vos vœux ni votre foi,
Mais je ne veux d’avis que d’un cœur tout à moi.
Adieu.



Scène VII


Léontine, Eudoxe


Léontine

Tout me confond, tout me devient contraire.
Je ne fais rien du tout, quand je pense tout faire,
Et, lorsque le hasard me flatte avec excès,
Tout mon dessein avorte au milieu du succès.
Il semble qu’un démon funeste à sa conduite
Des beaux commencements empoisonne la suite.
Ce billet, dont je vois Martian abusé,
Fait plus en ma faveur que je n’aurais osé :
Il arme puissamment le fils contre le père ;
Mais, comme il a levé le bras en qui j’espère,
Sur le point de frapper, je vois avec regret
Que la nature y forme un obstacle secret.
La vérité le trompe, et ne peut le séduire ;
Il sauve, en reculant, ce qu’il croit mieux détruire ;
Il doute, et, du côté que je le vois pencher,
Il va presser l’inceste au lieu de l’empêcher.

Eudoxe

Madame, pour le moins vous avez connaissance
De l’auteur de ce bruit, et de mon innocence.
Mais je m’étonne fort de voir à l’abandon
Du prince Héraclius les droits avec le nom.
Ce billet, confirmé par votre témoignage,