Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE III



Scène première


Martian, Pulchérie


Martian

Je veux bien l’avouer, Madame, car mon cœur
A de la peine encore à vous nommer ma sœur,
Quand, malgré ma fortune à vos pieds abaissée,
J’osais jusques à vous élever ma pensée,
Plus plein d’étonnement que de timidité,
J’interrogeais ce cœur sur sa témérité,
Et dans ses mouvements, pour secrète réponse,
Je sentais quelque chose au-dessus de Léonce,
Dont, malgré ma raison, l’impérieux effort
Emportait mes désirs au-delà de mon sort.

Pulchérie

Moi-même assez souvent j’ai senti dans mon âme
Ma naissance en secret me reprocher ma flamme.
Mais quoi ! L’impératrice, à qui je dois le jour,
Avait innocemment fait naître cet amour :
J’approchais de quinze ans, alors qu’empoisonnée
Pour avoir contredit mon indigne hyménée,
Elle mêla ces mots à ses derniers soupirs :