Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/233

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C’est assez dignement répondre à tes bienfaits
Que d’avoir dégagé ton fils de tes forfaits.
Séduit par ton exemple et par sa complaisance,
Il t’aurait ressemblé, s’il eût su sa naissance,
Il serait lâche, impie, inhumain comme toi
Et tu me dois ainsi plus que je ne te doi.

Exupère

L’impudence et l’orgueil suivent les impostures.
Ne vous exposez plus à ce torrent d’injures,
Qui, ne faisant qu’aigrir votre ressentiment,
Vous donne peu de jour pour ce discernement.
Laissez-la-moi, Seigneur, quelques moments en garde.
Puisque j’ai commencé, le reste me regarde ;
Malgré l’obscurité de son illusion,
J’espère démêler cette confusion.
Vous savez à quel point l’affaire m’intéresse.

Phocas

Achève, si tu peux, par force ou par adresse,
Exupère, et sois sûr que je te devrai tout,
Si l’ardeur de ton zèle en peut venir à bout.
Je saurai cependant prendre à part l’un et l’autre,
Et peut-être qu’enfin nous trouverons le nôtre.
Agis de ton côté, je la laisse avec toi ;
Gêne, flatte, surprends. Vous autres, suivez-moi.



Scène V


Exupère, Léontine


Exupère

On ne peut nous entendre. Il est juste, Madame,
Que je vous ouvre enfin jusqu’au fond de mon âme :
C’est passer trop longtemps pour traître auprès de vous.
Vous haïssez Phocas, nous le haïssons tous…