Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/243

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Pour moi, pour toi, pour lui, fais-toi ce peu d’effort.

Héraclius

Ah ! C’en est trop enfin, et ma gloire blessée
Dépouille un vieux respect où je l’avais forcée.
De quelle ignominie osez-vous me flatter ?
Toutes les fois, tyran, qu’on se laisse adopter,
On veut une maison illustre autant qu’amie,
On cherche de la gloire, et non de l’infamie,
Et ce serait un monstre horrible à vos Etats
Que le fils de Maurice adopté par Phocas.

Phocas

Va, cesse d’espérer la mort que tu mérites:
Ce n’est que contre lui, lâche, que tu m’irrites ;
Tu te veux rendre en vain indigne de ce rang;
Je m’en prends à la cause, et j’épargne mon sang.
Puisque ton amitié de ma foi se défie
Jusqu’à prendre son nom pour lui sauver la vie,
Soldats, sans plus tarder, qu’on l’immole à ses yeux.
Et sois après sa mort mon fils, si tu le veux.

Héraclius

Perfides, arrêtez !

Martian

Ah ! que voulez-vous faire,
Prince ?

Héraclius

Sauver le fils de la fureur du père.

Martian

Conservez-lui ce fils qu’il ne cherche qu’en vous,
Ne troublez point un sort qui lui semble si doux.
C’est avec assez d’heur qu’Héraclius expire,