À quoi, tyran ?
À m’épouser moi-même
Au milieu de leur sang à tes pieds répandu.
Quel supplice !
Il est grand pour toi, mais il t’est dû :
Tes mépris de la mort bravaient trop ma colère.
Il est en toi de perdre ou de sauver ton frère ;
Et du moins, quelque erreur qui puisse me troubler,
J’ai trouvé les moyens de te faire trembler.
Scène V
Le lâche, il vous flattait lorsqu’il tremblait dans l’âme !
Mais tel est d’un tyran le naturel infâme:
Sa douceur n’a jamais qu’un mouvement contraint.
S’il ne craint, il opprime, et s’il n’opprime, il craint;
L’une et l’autre fortune en montre la faiblesse :
L’une n’est qu’insolence, et l’autre que bassesse.
À peine est-il sorti de ces lâches terreurs
Qu’il a trouvé pour moi le comble des horreurs.
Mes frères, puisque enfin vous voulez tous deux l’être,
Si vous m’aimez en sœur, faites-le-moi paraître.
Que pouvons-nous tous deux, lorsqu’on tranche nos jours ?