Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/466

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Il fallait arracher mon sceptre à mon rebelle,
Le remettre en ma main pour le recevoir d’elle :
Je vous aurais peut-être alors considéré
Plus que ne m’a permis un sort si déploré ;
Mais une occasion plus prompte et plus brillante
A surpris cependant votre amour chancelante ;
Et soit que votre cœur s’y trouvât disposé,
Soit qu’un si long refus l’y laissât exposé,
Je ne vous blâme point de l’avoir acceptée :
De plus constants que vous l’auraient bien écouté.
Quelle qu’en soit pourtant la cause ou la couleur,
Vous pouviez l’embrasser avec moins de chaleur,
Combattre le dernier, et par quelque apparence,
Témoigner que l’honneur vous faisait violence :
De cette illusion l’artifice secret
M’eût forcée à vous plaindre et vous perdre à regret ;
Mais courir au-devant, et vouloir bien qu’on voie
Que vos vœux mal reçus m’échappent avec joie !

DOM ALVAR

Vous auriez donc voulu que l’honneur d’un tel choix
Eût montré votre amant le plus lâche des trois ?
Que pour lui cette gloire eût eu trop peu d’amorces,
Jusqu’à ce qu’un rival eût épuisé ses forces ?
Que…

DONA ELVIRE

Vous achèverez au sortir du combat,
Si toutefois Carlos vous en laisse en état.
Voilà vos deux rivaux avec qui je vous laisse,
Et vous dirai demain pour qui je m’intéresse.

DOM ALVAR

Hélas ! Pour le bien voir je n’ai que trop de jour.



Scène 2