Ce doit leur être assez de savoir qui je suis,
Sans m’accabler encore par de nouveaux ennuis.
Forcez ce grand courage à conserver sa gloire,
Madame, et l’empêchez lui-même de se croire.
Nous n’avons pu souffrir qu’un bras qui tant de fois
A fait trembler le More et triompher nos rois,
Reçût de sa naissance une tache éternelle :
Tant de valeur mérite une source plus belle.
Aidez ainsi que nous ce peuple à s’abuser ;
Il aime son erreur, daignez l’autoriser :
À tant de beaux exploits rendez cette justice,
Et de notre pitié soutenez l’artifice.
Je suis bien malheureux, si je vous fais pitié ;
Reprenez votre orgueil et votre inimitié.
Après que ma fortune a soûlé votre envie,
Vous plaignez aisément mon entrée à la vie ;
Et me croyant par elle à jamais abattu,
Vous exercez sans peine une haute vertu.
Peut-être elle ne fait qu’une embûche à la mienne.
La gloire de mon nom vaut bien qu’on la retienne ;
Mais son plus bel éclat serait trop acheté,
Si je le retenais par une lâcheté.
Si ma naissance est basse, elle est du moins sans tache :
Puisque vous la savez, je veux bien qu’on la sache.
Sanche, fils d’un pêcheur, et non d’un imposteur,
De deux comtes jadis fut le libérateur ;
Sanche, fils d’un pêcheur, mettait naguère en peine
Deux illustres rivaux sur le choix de leur reine ;
Sanche, fils d’un pêcheur, tient encore en sa main