Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/502

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D’une haute valeur qui part d’un sang abject :
Vous courez au-devant avec tant de franchise,
Qu’autant que du pêcheur je m’en trouve surprise.
Et vous, que par mon ordre ici j’ai retenu,
Sanche, puisqu’à ce nom vous êtes reconnu,
Miraculeux héros, dont la gloire refuse
L’avantageuse erreur d’un peuple qui s’abuse,
Parmi les déplaisirs que vous en recevez,
Puis-je vous consoler d’un sort que vous bravez ?
Puis-je vous demander ce que je vous vois faire ?
Je vous tiens malheureux d’être né d’un tel père ;
Mais je vous tiens ensemble heureux au dernier point
D’être né d’un tel père, et de n’en rougir point,
Et de ce qu’un grand cœur, mis dans l’autre balance,
Emporte encore si haut une telle naissance.



Scène 6



DOM ALVAR

Princesses, admirez l’orgueil d’un prisonnier,
Qu’en faveur de son fils on veut calomnier.
Ce malheureux pêcheur, par promesse ni crainte,
Ne saurait se résoudre à souffrir une feinte.
J’ai voulu lui parler, et n’en fais que sortir ;
J’ai tâché, mais en vain, de lui faire sentir
Combien mal à propos sa présence importune
D’un fils si généreux renverse la fortune,
Et qu’il le perd d’honneur, à moins que d’avouer