Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/504

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DONA LÉONOR

J’ai bien sujet de l’être en recevant ce don,
Madame : j’en saurai si mon fils vit ou non ;
Et c’est où le feu roi, déguisant sa naissance,
D’un sort si précieux mit la reconnaissance.
Disons ce qu’il enferme avant que de l’ouvrir.
Ah ! Sanche, si par là je puis le découvrir,
Vous pouvez être sûr d’un entier avantage
Dans les lieux dont le ciel a fait notre partage ;
Et qu’après ce trésor que vous m’aurez rendu,
Vous recevrez le prix qui vous en sera dû.
Mais à ce doux transport c’est déjà trop permettre.
Trouvons notre bonheur avant que d’en promettre.
Ce présent donc enferme un tissu de cheveux
Que reçut Dom Fernand pour arrhes de mes vœux,
Son portrait et le mien, deux pierres les plus rares
Que forme le soleil sous les climats barbares,
Et pour un témoignage encore plus certain,
Un billet que lui-même écrivit de sa main.
Un garde.
Madame, Dom Raymond vous demande audience.

DONA LÉONOR

Qu’il entre. Pardonnez à mon impatience,
Si l’ardeur de le voir et de l’entretenir
Avant votre congé l’ose faire venir.

DONA ISABELLE

Vous pouvez commander dans toute la Castille,
Et je ne vous vois plus qu’avec des yeux de fille.