Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/573

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{scène|VIII}}.

Arsinoé, Attale
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Arsinoé. Nous triomphons, Attale ; et ce grand Nicomède
Voit quelle digne issue à ses fourbes succède.
Les deux accusateurs que lui-même a produits,
Que pour l’assassiner je dois avoir séduits,
Pour me calomnier subornés par lui-même,
N’ont su bien soutenir un si noir stratagème :
Tous deux m’ont accusée, et tous deux avoué
L’infâme et lâche tour qu’un prince m’a joué.
Qu’en présence des rois les vérités sont fortes !
Que pour sortir d’un cœur elles trouvent de portes !
Qu’on en voit le mensonge aisément confondu !
Tous deux voulaient me perdre, et tous deux l’ont perdu.

Attale. Je suis ravi de voir qu’une telle imposture
Ait laissé votre gloire et plus grande et plus pure ;
Mais pour l’examiner, et bien voir ce que c’est,
Si vous pouviez vous mettre un peu hors d’intérêt,
Vous ne pourriez jamais, sans un peu de scrupule,
Avoir pour deux méchants une âme si crédule.
Ces perfides tous deux se sont dits aujourd’hui,
Et subornés par vous, et subornés par lui.
Contre tant de vertus, contre tant de victoires,
Doit-on quelque croyance à des âmes si noires ?
Qui se confesse traître est indigne de foi.

Arsinoé. Vous êtes généreux, Attale, et je le voi ;
Même de vos rivaux la gloire vous est chère.

Attale.