Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/588

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Ne rendra pas son cœur à vos vœux moins rebelle.

Attale. Seigneur, l’occasion fait un cœur différent :
D’ailleurs, c’est l’ordre exprès de son père mourant ;
Et par son propre aveu la reine d’Arménie
Est due à l’héritier du roi de Bithynie.

Flaminius. Ce n’est pas loi pour elle ; et, reine comme elle est,
Cet ordre, à bien parler, n’est que ce qu’il lui plaît.
Aimerait-elle en vous l’éclat d’un diadème
Qu’on vous donne aux dépens d’un grand prince qu’elle aime
En vous qui la privez d’un si cher protecteur,
En vous qui de sa chute êtes l’unique auteur ?

Attale. Ce prince hors d’ici, seigneur, que fera-t-elle ?
Qui contre Rome et nous soutiendra sa querelle ?
Car j’ose me promettre encor votre secours.

Flaminius. Les choses quelquefois prennent un autre cours.
Pour ne vous point flatter, je n’en veux pas répondre.

Attale. Ce serait bien, seigneur, de tout point me confondre ;
Et je serais moins roi qu’un objet de pitié,
Si le bandeau royal m’ôtait votre amitié.
Mais je m’alarme trop, et Rome est plus égale.
N’en avez-vous pas l’ordre ?

Flaminius. Oui, pour le prince Attale,
Pour un homme en son sein nourri dès le berceau :
Mais pour le roi de Pont, il faut ordre nouveau.

Attale.