Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/597

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part ne saurait me choquer.
Parlez.

Arsinoé. Le ciel m’inspire un dessein dont j’espère
Et satisfaire Rome et ne vous pas déplaire.
S’il est prêt à partir, il peut en ce moment
Enlever avec lui son otage aisément :
Cette porte secrète ici nous favorise.
Mais pour faciliter d’autant mieux l’entreprise,
Montrez-vous à ce peuple, et, flattant son courroux,
Amusez-le du moins à débattre avec vous ;
Faites-lui perdre temps, tandis qu’en assurance
La galère s’éloigne avec son espérance.
S’il force le palais et ne l’y trouve plus,
Vous ferez comme lui le surpris, le confus :
Vous accuserez Rome, et promettrez vengeance
Sur quiconque sera de son intelligence.
Vous enverrez après, sitôt qu’il sera jour,
Et vous lui donnerez l’espoir d’un prompt retour,
Où mille empêchements que vous ferez vous-même
Pourront de toutes parts aider au stratagème.
Quelque aveugle transport qu’il témoigne aujourd’hui,
Il n’attentera rien tant qu’il craindra pour lui,
Tant qu’il présumera son effort inutile.
Ici la délivrance en paraît trop facile ;
Et s’il l’obtient, seigneur, il faut fuir, vous et moi :
S’il le voit à sa tête, il en fera son roi ;
Vous le jugez vous-même.

Prusias. Ah ! j’avouerai, madame,
Que le ciel a versé ce conseil dans v