Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/154

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M’envoiera de nos maux le plein soulagement.


Thésée.

Seigneur, si j’avais cru que parmi tant de larmes
La douceur d’un hymen pût avoir quelques charmes,
Que vous en eussiez pu supporter le dessein,
Je vous aurais fait voir un beau feu dans mon sein,
Et tâché d’obtenir cet aveu favorable
Qui peut faire un heureux d’un amant misérable.


Œdipe.

Je l’avais bien jugé, qu’un intérêt d’amour
Fermait ici vos yeux aux périls de ma cour ;
Mais je croirais me faire à moi-même un outrage
Si je vous obligeais d’y tarder davantage,
Et si trop de lenteur à seconder vos feux
Hasardait plus longtemps un cœur si généreux.
Le mien sera ravi que de si nobles chaînes
Unissent les états de Thèbes et d’Athènes.
Vous n’avez qu’à parler, vos vœux sont exaucés :
Nommez ce cher objet, grand prince, et c’est assez.
Un gendre tel que vous m’est plus qu’un nouveau trône,
Et vous pouvez choisir d’Ismène ou d’Antigone ;
Car je n’ose penser que le fils d’un grand roi,
Un si fameux héros, aime ailleurs que chez moi,
Et qu’il veuille en ma cour, au mépris de mes filles,
Honorer de sa main de communes familles.


Thésée.

Seigneur, il est tout vrai : j’aime en votre palais ;
Chez vous est la beauté qui fait tous mes souhaits.
Vous l’aimez à l’égal d’Antigone et d’Ismène ;
Elle tient même rang chez vous et chez la reine ;
En un mot, c’est leur sœur, la princesse Dircé,
Dont les yeux…


Œdipe.

Quoi ? Ses yeux, prince, vous ont blessé ?