Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/177

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Thésée.

Laissez agir l’amour.


Dircé.

Vivez, prince ; vivez.


Thésée.

Vivez donc, ma princesse.


Dircé.

Ne me ravalez point jusqu’à cette bassesse.
Retarder mon trépas, c’est faire tout périr :
Tout meurt, si je ne meurs.


Thésée.

Laissez-moi donc mourir.


Dircé.

Hélas ! Qu’osez-vous dire ?


Thésée.

Hélas ! Qu’allez-vous faire ?


Dircé.

Finir les maux publics, obéir à mon père,
Sauver tous mes sujets.


Thésée.

Par quelle injuste loi
Faut-il les sauver tous pour ne perdre que moi ?
Eux dont le cœur ingrat porte les justes peines
D’un rebelle mépris qu’ils ont fait de vos chaînes,
Qui dans les mains d’un autre ont mis tout votre bien !


Dircé.

Leur devoir violé doit-il rompre le mien ?
Les exemples abjets de ces petites âmes
Règlent-ils de leurs rois les glorieuses trames ?
Et quel fruit un grand cœur pourrait-il recueillir