Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Phorbas nous supposa ce qu’il nous en fit croire,
Et parla de brigands pour sauver quelque gloire.
Il me vient d’avouer sa faiblesse à genoux.
" d’un bras seul, m’a-t-il dit, partirent tous les coups ;
Un bras seul à tous trois nous ferma le passage,
Et d’une seule main ce grand crime est l’ouvrage. "


Thésée.

Le crime n’est pas grand s’il fut seul contre trois ;
Mais jamais sans forfait on ne se prend aux rois ;
Et fussent-ils cachés sous un habit champêtre,
Leur propre majesté les doit faire connaître.
L’assassin de Laïus est digne du trépas,
Bien que seul contre trois, il ne le connût pas.
Pour moi, je l’avouerai, que jamais ma vaillance
À mon bras contre trois n’a commis ma défense.
L’œil de votre Phorbas aura beau me chercher,
Jamais dans la Phocide on ne m’a vu marcher.
Qu’il vienne:à ses regards sans crainte je m’expose ;
Et c’est un imposteur s’il vous dit autre chose.


Jocaste.

Faites entrer Phorbas. Prince, pensez-y bien.


Thésée.

S’il est homme d’honneur, je n’en dois craindre rien.


Jocaste.

Vous voudrez, mais trop tard, en éviter la vue.


Thésée.

Qu’il vienne ; il tarde trop, cette lenteur me tue;
Et si je le pouvais sans perdre le respect,
Je me plaindrais un peu de me voir trop suspect.