Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/224

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D’un bandeau dont par là tu faisais ma conquête.


Iphicrate.

Seigneur, comme Phorbas avait mal obéi,
Que l’ordre de son roi par là se vit trahi,
Il avait lieu de craindre, en me disant le reste,
Que son crime par moi devenu manifeste…


Œdipe.

Cesse de l’excuser. Que m’importe, en effet,
S’il est coupable ou non de tout ce que j’ai fait ?
En ai-je moins de trouble, ou moins d’horreur en l’âme ?



Scène V

.

Œdipe.

Votre frère est connu ; le savez-vous, madame ?


Dircé.

Oui, seigneur, et Phorbas m’a tout dit en deux mots.


Œdipe.

Votre amour pour Thésée est dans un plein repos.
Vous n’appréhendez plus que le titre de frère
S’oppose à cette ardeur qui vous était si chère :
Cette assurance entière a de quoi vous ravir,
Ou plutôt votre haine a de quoi s’assouvir.
Quand le ciel de mon sort l’aurait faite l’arbitre,
Elle ne m’eût choisi rien de pis que ce titre.


Dircé.

Ah ! Seigneur, pour Aemon j’ai su mal obéir ;
Mais je n’ai point été jusques à vous haïr.
La fierté de mon cœur, qui me traitait de reine,
Vous cédait en ces lieux la couronne sans peine ;