Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/227

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Non, non : vous le verrez demain au sacrifice
Par le choix que j’attends couvrir son injustice,
Et par la peine due à son propre forfait,
Désavouer ma main de tout ce qu’elle a fait.



Scène VI

.

Œdipe.

Est-ce encor votre bras qui doit venger son père ?
Son amant en a-t-il plus de droit que son frère,
Prince ?


Thésée.

Je vous en plains, et ne puis concevoir,
Seigneur…


Œdipe.

La vérité ne se fait que trop voir.
Mais nous pourrons demain être tous deux à plaindre,
Si le ciel fait le choix qu’il nous faut tous deux craindre.
S’il me choisit, ma sœur, donnez-lui votre foi :
Je vous en prie en frère, et vous l’ordonne en roi.
Vous, seigneur, si Dircé garde encor sur votre âme
L’empire que lui fit une si belle flamme,
Prenez soin d’apaiser les discords de mes fils,
Qui par les nœuds du sang vous deviendront unis.
Vous voyez où des dieux nous a réduits la haine.
Adieu : laissez-moi seul en consoler la reine ;
Et ne m’enviez pas un secret entretien,
Pour affermir son cœur sur l’exemple du mien.