Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

remit au théâtre avec la même réussite. Le 9 juillet 1683, on la reprit avec un prologue de la Chapelle, et il y avoit tout lieu de croire qu’elle auroit encore un grand succès ; mais à peine achevoit-on le prologue à la dixième représentation, que les comédiens interrompirent le spectacle, étant informés que la Reine venoit de mourir, et ils firent rendre l’argent à la porte. »

Ce prologue de la Chapelle est imprimé dans un volume intitulé : La Toison d’or, tragédie en machines de M. de Corneille l’aisné (Paris, V. Adam, 1683, in-4o). Ce volume, inscrit sous le no 1646 dans le Catalogue de M. Giraud, et décrit par M, Brunet[1], renferme la description des décorations entreprises sous la conduite du sieur Dufort, qui, l’année précédente, avait exécuté celles d’Andromède lors de la reprise de cet ouvrage[2]. La dépense considérable qu’occasionnent les pièces de ce genre empêcha la Toison d’or, de reparaître sur le théâtre[3].

Le 27 janvier 1661, Augustin Courbé obtint un privilège qui lui permettait « de faire imprimer, vendre et débiter en tous les lieux de l’obéissance de Sa Majesté, une tragédie, composée par Pierre Corneille, intitulée la Conqueste de la Toison d’or, avec les Desseins de ladite pièce. » C’est dans ces Desseins, publiés avant la pièce, que ce privilège parut pour la première fois. Ils ne sont autre chose qu’une sorte de programme

    zeau dit en parlant des Italiens : « Nous leur sommes redevables de la belle invention des machines et de ces vols hardis qui attirent en foule tout le monde à un spectacle si magnifique. Celles qui ont fait le plus de bruit en France furent les pompeuses machines de la Toison d’or, dont un grand seigneur d’une des premières maisons du royaume, plein d’esprit et de générosité, fit seul la belle dépense, pour en régaler dans son château toute la noblesse de la province. Depuis il a bien voulu en gratifier la troupe du Marais, où le Roi suivi de toute la Cour vint voir cette merveilleuse pièce. Tout Paris lui a donné ses admirations, et ce grand opéra, qui n’est dû qu’à l’esprit et à la magnificence du seigneur dont j’ai parlé, a servi de modèle pour d’autres qui l’ont suivi. » (Le Théâtre françois, p. 52.)

  1. Manuel du libraire, tome II, col. 285.
  2. Voyez tome V, p. 257.
  3. Voyez l’Histoire du Théâtre françois par les frères Parfait, tome IX, p. 40.