Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/258

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est disparue, Junon se montre dans son chariot, et après avoir désabusé le Roi touchant Chalciope, dont elle a pris le visage pour mieux porter Médée à ce qu’elle vient de faire, elle remonte au ciel pour en obtenir l’aveu de Jupiter. Le Roi, au désespoir, implore le secours du Soleil son père, dont on voit s’ouvrir le palais lumineux, et ce dieu sortir dans son char tout brillant de lumière. Il s’élève en haut pour demander en faveur de son fils la protection de Jupiter, et un autre ciel s’ouvre au-dessus de lui, où paroît ce maître des Dieux sur son trône, et Junon à son côté. Ces trois théâtres qu’on voit tout d’une vue font un spectacle tout à fait agréable et majestueux[1]… C’est[2] en cet état que ce maître des Dieux répond à la prière que lui fait le Soleil, et lui dit que l’arrêt du Destin est irrévocable, et qu’Aæte, ayant perdu la Toison, doit perdre aussi son royaume ; mais pour l’en consoler, il ordonne à Hypsipyle d’épouser Absyrte, et à ce roi d’aller passer ce temps fatal dans son île de Lemnos. Il ajoute qu’il doit sortir de Médée un Médus qui le rétablira en ses États, et fondera l’empire des Mèdes. Après cet oracle prononcé, le palais de Jupiter se referme, le Soleil va continuer sa course, et le Roi, Absyrte et Hypsipyle se retirent pour aller exécuter les ordres qu’ils ont reçus.

Voilà quelques légères idées de ce que l’on verra dans cette pièce, que je nommerois la plus belle des miennes, si la pompe des vers y répondoit à la dignité du spectacle. L’œil y découvrira des beautés que ma plume n’est pas capable d’exprimer, et la satisfaction qu’en remportera le spectateur l’obligera à m’accuser d’en avoir trop peu dit dans cet avant-goût que je lui donne.




  1. Voyez p. 345.
  2. Après les mots : « de grandeur et de couleur naturelle ; » voyez ci-après, p. 346.