Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/355

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Et sur cette ennemie emportez la toison.

Jason.

Seigneur, contre ses yeux qui voudroit se défendre ?
Il ne faut point combattre où l’on aime à se rendre.
Oui, Madame, à vos pieds je mets les armes bas,
J’en fais un prompt hommage à vos divins appas, 2045
Et renonce avec joie à ma plus haute gloire.
S’il faut par ce combat acheter la victoire,
Je l’abandonne, Orphée, aux charmes de ta voix,
Qui traîne les rochers, qui fait marcher les bois :
Assoupis le dragon, enchante la Princesse. 2050
Et vous, héros ailés[1], ménagez votre adresse :
Si pour cette conquête il vous reste du cœur,
Tournez sur le dragon toute votre vigueur.
Je vais dans le navire attendre une défaite,
Qui vous fera bientôt imiter ma retraite. 2055

Zéthès.

Montrez plus d’espérance, et souvenez-vous mieux
Que nous avons dompté des monstres à vos yeux.



Scène V

AÆTE, ABSYRTE, HYPSIPYLE, MÉDÉE, ZÉTHÈS, CALAÏS, ORPHÉE.
Calaïs.

Élevons-nous, mon frère, au-dessus des nuages :
Du sang dont nous sortons prenons les avantages ;
Surtout obéissons aux ordres de Jason : 2060
Respectons la Princesse, et donnons au dragon.

(Ici Zéthès et Calaïs s’élèvent au plus haut des nuages en croisant leur vol.)
  1. Zéthès et Calaïs.