Si le destin vous est contraire
Lemnos peut réparer la perte de Colchos.
Qu’ai-je fait, que le ciel contre moi s’intéresse
Jusqu’à faire descendre en terre une déesse ?
La désavouerez-vous, Madame, et votre cœur
Dédira-t-il sa voix qui parle en ma faveur ?
Absyrte, il n’est plus temps de parler de ta flamme.
Qu’as-tu pour mériter quelque part en son âme ?
Et que lui peut offrir ton ridicule espoir,
Qu’un sceptre qui m’échappe, un trône prêt à choir ?
Ne songeons qu’à punir le traître et sa complice.
Nous aurons dieux pour dieux à nous faire justice ;
Et déjà le Soleil, pour nous prêter secours,
Fait ouvrir son palais, et détourne son cours.
(Le ciel s’ouvre, et fait paroître le palais du Soleil, où l’ont le voit[1] dans son char tout brillant de lumière s’avancer vers les spectateurs, et sortant de ce palais, s’élever en haut pour parler à Jupiter, dont le palais s’ouvre aussi quelques moments après. Ce maître des Dieux y paroît sur son trône, avec Junon à son côté. Ces trois théâtres, qu’on voit tout à la fois, font un spectacle tout à fait agréable et majestueux. La sombre verdure de la forêt épaisse, qui occupe le premier, relève d’autant plus la clarté des deux autres, par l’opposition de ses ombres. Le palais du Soleil, qui fait le second, a ses colonnes toutes d’oripeau[2], et son lambris doré, avec divers grands feuillages à l’arabesque. Le rejaillissement[3] des lumières qui portent sur ces dorures produit un jour merveilleux, qu’augmente celui qui sort du trône de Jupiter, qui n’a pas moins d’ornements. Ses marches[4]
- ↑ Dans Voltaire (1764) : « où on le voit. »
- ↑ Var. Toutes de clincant. (Dessein.)
- ↑ Toutes les éditions anciennes, y compris celle de 1692, donnent rejallissement. Voyez tome IV, p. 433, note 2. Dans l’impression de 1682, on lit, mais c’est sans doute une faute : rejalissement.
- ↑ Var. Les marches. (Dessein.)
