Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/388

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Car quoi que vous disiez, je dois craindre sa haine,
Et fuirais à ce prix cette illustre Romaine.
La voici, laissez-moi ménager son esprit.
Et voyez cependant de quel air on m’écrit.


Scène 3


Sertorius, Aristie


Aristie
Ne vous offensez pas, si dans mon infortune
Ma foiblesse me force à vous être importune :
Non pas pour mon Hymen, les suites d’un tel choix
Méritent qu’on y pense un peu plus d’une fois ;
Mais vous pouvez, Seigneur, joindre à mes espérances,
Contre un péril nouveau nouvelles assurances.
J’apprends qu’un infidèle, autrefois mon époux,
Vient jusque dans ces murs conférer avec vous :
L’ordre de son tyran, et sa flamme inquiète
Me pourront envier l’honneur de ma retraite,
L’un en prévoit la suite, l’autre en craint l’éclat,
Et tous les deux contre elle ont leurs raisons d’État.
Je vous demande donc sûreté toute entière,
Contre la violence, et contre la prière,
Si par l’une, ou par l’autre il veut se ressaisir
De ce qu’il ne peut voir ailleurs sans déplaisir.

Sertorius
Il en a lieu, Madame, un si rare mérite
Semble croître de prix, quand par force on le quitte ;
Mais vous avez ici sûreté contre tous,
Pourvu que vous puissiez en trouver contre vous,
Et que contre un ingrat dont l’amour fut si tendre,