Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/427

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Et de quoi s’inquiète un cœur qui la méprise ?

Sertorius
N’appelez point mépris un violent respect
Que sur mes plus doux vœux fait régner son aspect.

Thamire
Il est peu de respects qui ressemblent au vôtre,
S’il ne sait que trouver des raisons pour un autre ;
Et je préférerais un peu d’emportement
Aux plus humbles devoirs d’un tel accablement.

Sertorius
Il n’en est rien parti capable de me nuire,
Qu’un soupir échappé ne dût soudain détruire ;
Mais la reine, sensible à de nouveaux désirs,
Entendait mes raisons, et non pas mes soupirs.

Thamire
Seigneur, quand un Romain, quand un héros soupire,
Nous n’entendons pas bien ce qu’un soupir veut dire ;
Et je vous servirais de meilleur truchement,
Si vous vous expliquiez un peu plus clairement.
Je sais qu’en ce climat, que vous nommez barbare,
L’amour par un soupir quelquefois se déclare ;
Mais la gloire, qui fait toutes vos passions,
Vous met trop au-dessus de ces impressions :
De tels désirs, trop bas pour les grands cœurs de Rome…

Sertorius
Ah ! Pour être romain, je n’en suis pas moins homme :