Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/438

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Et ferons par nos soins avorter l’artifice.
D’autres plus grands périls le ciel m’a garanti.

Perpenna
Ne ferions-nous point mieux d’accepter le parti,
Seigneur ? Trouvez-vous l’offre ou honteuse ou mal sûre ?

Sertorius
Sylla peut en effet quitter sa dictature ;
Mais il peut faire aussi des consuls à son choix,
De qui la pourpre esclave agira sous ses lois ;
Et quand nous n’en craindrons aucuns ordres sinistres,
Nous périrons par ceux de ses lâches ministres.
Croyez-moi, pour des gens comme vous deux et moi,
Rien n’est si dangereux que trop de bonne foi.
Sylla par politique a pris cette mesure
De montrer aux soldats l’impunité fort sûre ;
Mais pour Cinna, Carbon, le jeune Marius,
Il a voulu leur tête, et les a tous perdus.
Pour moi, que tout mon camp sur ce bruit m’abandonne,
Qu’il ne reste pour moi que ma seule personne,
Je me perdrai plutôt dans quelque affreux climat,
Qu’aller, tant qu’il vivra, briguer le consulat.
Vous…

Perpenna
———Ce n’est pas, Seigneur, ce qui me tient en peine.
Exclu du consulat par l’hymen d’une reine,
Du moins si vos bontés m’obtiennent ce bonheur,
Je n’attends plus de Rome aucun degré d’honneur ;
Et banni pour jamais dans la Lusitanie,
J’y crois en sûreté les restes de ma vie.